La vie des missions (en dehors des vols) par Jean Faivre
Il y avait un tel travail à faire sur les ex-colonies françaises qu'il n'était pas rare de retrouver nos avions en véritable groupe. Ainsi on en a dénombrés en:
1948: 4 B-17 à Douala
1949: 3 B-17 à Tananarive
1951: 4 B-17 à Fort Archambault
1953: 4 B-17 à Abidjan / Bamako
1954: 4 B-17 à Douala / Fort Archambault
1955: 4 B-17 à Gao / Douala
1956: 3 B-17 à Faya Largeau
4 B-17 à Gao
1957: 4 B-17 à Bamako
1958: 4 B-17 à Zinder
Celà faisait beaucoup de monde à se cotoyer dans le même lieu et ici les machines ne chômaient point (généralement trois en l'air et une en visite). Le soir venu, équipages et peronnel au sol pouvaient faire un groupe de 28 personens. On s'en souvient encore à Lomé de ce fameux groupe 20!
Les hommes du GEP ont connu tous les continents, à une époque où on ne voyageait pas aussi facilement qu'aujourd'hui. Ils partaient quelques fois de métropole pour des missions de plus de six mois sans relève. Plusieurs campagnes ont duré plus de dix mois sans retour. ils ont ramenés des souvenirs inoubliables souvent extra professionnels.
La météo n'était pas toujours exelente et il fallut être patient. La chasse était un dérivatif facile à cette époque et pleine d'imprévus pour des néophytes. Ceux qui se souviennent d'une mémorable chasse au Buffle au Tchad en 1954 où tous les participants qui se retrouvèrent dans les arbres se reconnaitront. Plus tard un phacochère coutera la crosse du fusil. A Latourville au Gabon, le "sauve qui peut" sera devant un éléphant et avec une carabine vide! Trois jours plus tard, les chasseurs indigènes ramèneront deux pointes de 20 et 22kg chacune et la montre du chasseur d'occasion perdue dans la fuite.
Mais la chasse pouvait être aussi pacifique avec les papillons d'Afrique Equatoriale et surtout Guyannais et c'était un régal des yeux que de voir voler dans les layons de la foret a des heures bien précises les fameux morphos aux ailes aux ailes d'un bleu changeant, ou tout autant sportive avec les tourterelles et les oies sauvages dans les champs de manioc du Togo. Il s'agissait surtout d'éviter de temps en temps un Naja Negricolis ! (cobra cracheur)
Et si vous n'aimiez pas la chasse, il y avait encore la pêche du "Talipia" de quelques dizaines de grammes des rizières de Madagascar aux saumons du chili, en passant par les Bingas et les Capitaines du Chari sans oublier les Barracudas et Tarpons du Golf de Libreville.
Il y eut aussi de nombreuses mascottes: Agénor le python apprivoisé en était un capricieux qui faisait souvent sa sieste dans les valises des equipages après un bon repas.